Pascaline : Bonjour Etienne, tu es l'un des doctorants de l'OHMI Nunavik, peux-te présenter en quelques mots ?
Etienne : Je fais ma thèse en co-tutelle, ce qui veut dire que je suis à la fois étudiant au sein d'une université française et d'une université canadienne. Mon sujet de recherche porte sur les relations entre les Nunavimmiut, les habitants du Nunavik, et la dynamique d'implantation minière dans la région.
Etienne Lemerre au Nunavik (©C.de Sérigny)
Pascaline : Qu'est-ce qui t'a amené à travailler avec l'OHMI NUNAVIK ?
Etienne : Au fil de mes études, je me suis toujours intéressé à l'aménagement du territoire et particulièrement à la manière dont les personnes qui habitent ce territoire sont prises en compte et participent à cet aménagement. A la fin de mon Master, je cherchais à poursuivre mes études dans un projet de recherche qui cherche réellement à intégrer les communautés dans la construction du processus de recherche et qui ait le souci de mettre en lien les thématiques de recherche et les préoccupations des personnes. En plus de cela, j'ai grandi dans une région minière française et la question de la relation entre cette industrie et les habitants du territoire a toujours été un aspect qui m'interpellait. C'est tout cela qui m'a poussé à me lancer dans ce projet de doctorat avec l'OHMI Nunavik, pour 4 ans, jusqu'en 2019.
Pascaline : Le projet "Industrie Santé" auquel tu participes est lauréat de l'APR 2016. En quoi consiste-t-il ?
Etienne : Il s'agit d'interroger la manière dont la dynamique actuelle de développement minier interagit avec la santé des Nunavimmiut. J'entends par "santé" l'état de bien-être physique et psychique. Il y a différents aspects qui ressortent déjà concernant les liens à l'emploi ou aux impacts sur l'environnement ou encore la vie dans les communautés. Mon travail de recherche vise à mettre tous ces facteurs en lien pour construire une vision globale.
Pascaline : Comment cela se déroule-t-il concrètement ?
Etienne : Eh bien, cela passe par de nombreux échanges ! Des échanges avec les organisations du Québec et du Nunavik, et plus généralement avec les habitants du Nunavik afin de mieux comprendre la diversité des situations et aller au-delà d'une simple analyse qui serait basée sur la documentation disponible et les données chiffrées. Je prends part aux événements en lien avec la thématique minière qui se déroulent dans les différents villages nordiques ou au sud, et j'essaie d'imaginer des façons originales de rentre compte de mes travaux aux communautés.
Pascaline : J'imagine que tu es donc très souvent sur le terrain ?
Etienne : Oui, j'ai déjà eu l'occasion de me rendre par deux fois au Nunavik. La première fois, c'était à l'automne pour découvrir Kuujjuaq et rencontrer les organisations régionales du Nunavik. Cet hiver, j'étais cette fois à Kangiqsujuaq pour assister au forum sur les impacts environnementaux de la mine Raglan. D'ailleurs, un autre de ces forums aura lieu à Salluit à l'automne prochain et j'y prendrai part également. Je cherche à diversifier les contextes et à multiplier les rencontres donc je pense assister au Mining Workshop de Kuujuaq dans l'année à venir ou encore aux campagnes de nettoyage des sites miniers du fond Restor-Action, à voir !
Forum sur les impacts environnementaux de la mine Raglan à Kangiqsujuaq (©E.Lemerre)
Pascaline : Qu'est-ce qui te plaît le plus dans ton doctorat ?
Etienne : Les opportunités de rencontres et le rapport humain, sans aucun doute ! Le fait que l'OHMI Nunavik mette l'accent sur un travail partenarial et le plus participatif possible a donc été un fort argument pour m'engager dans ce programme. Découvrir de nouveaux horizons au travers des projets, c'est toujours attrayant bien sûr, mais avoir l'opportunité d'observer la manière dont les personnes agissent et innovent face aux défis de demain, ça c'est vraiment unique !!